Lucas, 18 ans, aidant à domicile dans un secteur sans travailleur

Lucas, 18 ans, aidant à domicile dans un secteur sans travailleur

Il n’a que quelques semaines de travail, à Metz, mais Lucas Delaporte, 18 ans, aidant à domicile, n’a pas assez de mots tendres pour évoquer son job

 Presque une exception sur un secteur qui peine à recruter des collaborateurs. Du côté de Pôle emploi, on confirme la difficulté.

Il a fait un bac en sciences technologiques, industrie et développement. Mais depuis un petit mois, Lucas Delaporte exerce le métier d’aidant à domicile. « Je fais même le ménage ! », envoie ce jeune Messin de 18 ans.

Récemment embauché 24 heures par semaine par l’association Alys, d’Ennery , il est dithyrambique quand il s’agit de décrire son quotidien professionnel, au domicile des particuliers : « Ma mère est aide-soignante et m’a toujours parlé de son métier. J’ai moi-même été scout chez les Éclaireurs de France, alors le social, je crois que c’est vraiment ce qui me correspond. Et là, je suis servi ! »

« On me rend ce que je donne au centuple »

Et c’est à vélo que le jeune Messin parcourt la ville pour aider ses protégés. « Je suis sur le secteur des personnes âgées et on m’a fait un plan d’action sur ma ville. J’ai des journées courant de 10 h à 16 h ou parfois de 8 h à 18 h avec une pause de trente minutes à une heure trente, ça fluctue. Mais ça va, je m’y retrouve ».

La pénibilité du travail ? « Pour l’instant, je ne me plains pas. Il est certain qu’il y a des instants plus difficiles que d’autres mais dans l’ensemble, je peux vous assurer que ce que je donne m’est rendu au centuple ! »

50 personnes manquent

Dans le paysage de l’aide à domicile, Lucas fait un peu figure d’exception. Alys, l’association qui l’emploie, en voudrait des grappes de ce genre de profils. Mais comme les autres sociétés de son secteur d’activité, elle peine à recruter.

Rien de nouveau à ce phénomène, aussi surprenant soit-il alors que le taux de chômage, dans le pays, flirte dangereusement avec les 8 %. L’ancienne Afad de Moselle, rebaptisée depuis sa fusion avec la Meusienne AMF 55 , connaît ces aléas depuis plusieurs années déjà. « Il nous manque environ 50 personnes. Qu’elles soient non diplômées à bac +, explique Céline Wenner, responsable des ressources humaines. Nous faisons de tout : du temps plein ou partiel, mais on ne trouve pas ».

Auxiliaire de vie mais aussi aide-soignant

Le manque d’intérêt pour ce job couteau suisse est évident avec ses salaires au Smic, des tâches répétitives et ardues. Même si l’aide à domicile ne fait pas que le ménage : « Nous comptons également des auxiliaires de vie, des aides-soignants, tous diplômés… Il y a la garde des enfants ou l’assistance aux personnes diminuées provisoirement pas un accident ».

Quant à une petite augmentation de salaire ? « Nous sommes soumis à une grille conventionnelle, explique le directeur d’Alys, Benoît Vorms. Les personnes faisant appel à nous ont des aides selon leur cas : de la mutuelle, du conseil départemental, des caisses de retraite. Les gens sont-ils prêts à payer plus d’impôts pour que toutes ces aides soient plus importantes et que nous augmentions nos collaborateurs. C’est la question ! » Presque la quadrature du cercle.

Article du Républicain Lorrain

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